Rêves de santé – BRIGITTE MEIRE – « Mutualiser nos forces »
Brigitte Meire
Santé conjuguée n°98 - mars 2022
Infirmière, elle était au front lors des négociations des accords du non-marchand. Elle a ensuite œuvré à la création d’une délégation syndicale pour les travailleurs du mouvement des maisons médicales, un mouvement autogestionnaire, ce qui a soulevé quelques questions. Son engagement syndical a débuté à l’hôpital.
J’étais représentante du personnel au conseil d’entreprise, je voulais comprendre le fonctionnement de l’hôpital ; j’ai aussi compris le fonctionnement du système de santé belge. Puis je suis partie en maison médicale et, en 2000, il y a eu les discussions pour les accords du non-marchand. Les permanents syndicaux sont venus me chercher et j’ai embrayé. C’était se battre pour une meilleure reconnaissance, entre autres salariale : il n’y avait aucune reconnaissance d’ancienneté, essayer de compenser la charge de travail par des jours de congés en plus, reconnaitre la lourdeur du travail quand on prend de l’âge et pouvoir diminuer son temps de travail sans perte de salaire. C’était les grosses revendications à ce moment-là.
Les travailleurs de maisons médicales obtiennent des salaires identiques à ceux en hôpital (au départ les barèmes reconnus étaient ceux des maisons de repos, moins avantageux). Il fallait cinquante travailleurs pour avoir un délégué syndical or les équipes des maisons médicales sont moins nombreuses… mais une astuce a permis de créer une délégation : en positionnant la Fédération comme employeur et en mutualisant les travailleurs. Il y avait déjà des délégations dans d’autres services du non-marchand : la santé mentale, les plannings avaient une délégation intercentres. L’idée était de mutualiser nos forces et d’avoir des délégués — en général deux, un pour la CNE et un pour la FGTB —, un service, mais pour toutes les structures. J’ai créé la délégation en 2000.
Les maisons médicales sont des structures autogestionnaires, une délégation syndicale est-elle utile ? C’est vrai que c’est difficile d’être à la fois patron et travailleur, on travaille ensemble… Il faut être l’oreille, et du côté des travailleurs et du côté de l’employeur. Et être moteur pour que les gens finissent par trouver une conciliation.
Syndicats de travailleurs
Les syndicats ont soutenu les maisons médicales lors de la grève des médecins de 1979 et ont joué un rôle important dans la reconnaissance du financement au forfait par l’Inami. Puis, à la fin des années 1980, les syndicats ont considéré que le modèle de soins en première ligne en équipes pluridisciplinaires était moins attrayant que d’autres formules naissantes, comme les centrales de service à domicile (CSD), dans lesquelles le corps médical n’était pas intégré. De l’aveu même d’un syndicaliste, le mode de fonctionnements des maisons médicales (pluridisciplinaires et autogérées) « n’était pas la tasse de thé des syndicats », plus habitués aux concertations sociales organisées en fonction d’un rapport de force « patrons-syndicats ». Les liens entre la Fédération et les syndicats se renforcent néanmoins dès la fin des années 1990. Entre 2000 et 2006, par exemple, ceux-ci soutiennent la demande des maisons médicales d’être incluses dans les accords du non-marchand. Les maisons médicales ont ainsi bénéficié de revalorisations salariales substantielles. Les syndicats et la Fédération ont décidé de créer une délégation syndicale intercentres pour les maisons médicales qui, en raison de leur petite taille, ne disposent pas d’un organe de concertation propre. Un bureau de concertation a été créé au sein de la Fédération où se rencontrent délégués syndicaux et patronaux. Les syndicats interprofessionnels restent aujourd’hui des alliés importants de la Fédération, en raison d’objectifs communs tels qu’une société plus juste, basée notamment sur une sécurité sociale forte, une meilleure redistribution des richesses…
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n°98 - mars 2022
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