Un traitement des assuétudes est souvent posé comme condition à l’octroi de congés pénitentiaires. Quel en est l’intérêt, quelles questions cette pratique pose-t-elle ?
L’Ambulatoire-Forest est un service actif en matière de toxicomanie agréé par la Commission communautaire française ayant pour mission l’accompagnement et la réinsertion des personnes justiciables. Nous proposons un accompagnement psychosocial : aide dans le plan de reclassement, démarches administratives et sociales, suivi psychologique, soutien, information sur la communauté thérapeutique CATS avec laquelle nous sommes liés depuis de nombreuses années. Nous nous déplaçons dans les prisons bruxelloises (Forest, Saint-Gilles, Berkendael) et à Ittre en Région wallonne. Depuis la mise en application de la Loi de Principe, nous constatons que les autorités judiciaires exigent de plus en plus un traitement au niveau des assuétudes comme condition à l’octroi de congés pénitentiaires, mesure de libération conditionnelle. Les motivations qui amènent un détenu à entamer un suivi thérapeutique sont donc souvent liées à cette obligation et notre pratique institutionnelle doit tenir compte de ce cadre judiciaire. Nous tentons de susciter la motivation du justiciable qui nous consulte pour qu’il s’approprie la demande de suivi. C’est alors que l’obligation d’un suivi peut devenir un levier thérapeutique avec l’investissement personnel nécessaire. Nous considérons la personne comme auteuracteur de sa demande d’aide envers nous. Notre écoute favorise l’expression de cette demande, invite au récit de vie pour permettre la reconnaissance du vécu de chacun et la réappropriation par le sujet de son histoire et de ses actes. Notre accompagnement psychosocial veille à évaluer et mobiliser les ressources des personnes. Nous constatons que l’incarcération provoque chez les détenus des réactions différentes face à l’opportunité d’entamer un travail thérapeutique. Ce temps d’arrêt peut être propice à une réflexion personnelle. Pour ces personnes, qui se situent la plupart du temps dans l’agir, être contraint de s’arrêter peut favoriser une nouvelle dynamique de pensée, freinant la fuite en avant dans le produit quel qu’il soit, licite ou illicite. Le travail initié en prison pourra être maintenu par notre service lors de la libération. Notre travail nous confronte à des points de débat contradictoires : quels sont les critères sur lesquels le Tribunal de l’application des peines se base pour établir une injonction de soins ? Quel est le positionnement du Tribunal de l’application des peines lorsqu’une institution ou un patient désire suspendre une prise en charge psychosociale ? Que penser du décalage entre la date de libération et une prise en charge résidentielle ?Documents joints
Cet article est paru dans la revue:
Santé conjuguée, n° 59 - janvier 2012
Les pages ’actualités’ du n° 59
Grève générale : les maisons médicales entrent dans le mouvement
La Fédération des maisons médicales a participé à la grève générale du 30 janvier. Parce que le monde tourne à l’envers, parce que quand les inégalités se creusent, les soins de santé sont sur la brèche….
Aujourd’hui la crise…
Les politiques d’austérité sont aujourd’hui brandies comme la seule réponse réaliste à la crise économique et financière. Au nom de leurs associations, les signataires de cette carte blanche dénoncent cette politique à sens unique qui privilégie(…)
Le patient étranger face au cancer : projet d’accompagnement multiculturel
L’appréhension de la mixité culturelle constitue une question de société grandis-sante. Au-delà des difficultés de communication auxquelles sont confrontés les patients issus de milieux socioculturels très variés, dues notamment à la méconnaissance de la langue ou(…)
Les métiers de demain de la première ligne de soins
L’organisation des soins de santé s’oriente de plus en plus vers un développement des soins de première ligne et la prise en charge en ambulatoire. Les besoins en soins et en prévention sont croissants, et de(…)
Introduction
Présentation
Atelier 2 : à l’origine du réseau : le patient
Atelier 2 : à l’origine du réseau : le patient
Cet atelier est le fruit de plusieurs rencontres entre quelques travailleurs de différentes institutions. Lors de ces réunions, nous avons, dans un premier temps, abordé la question du réseau comme nous l’entendons habituellement, au sens large,(…)
« Madame, je dois téléphoner à mon avocat ! »
L’histoire de Damien est exemplaire. Elle nous montre combien l’intervention coordonnée de différents intervenants est nécessaire au patient mais en même temps comment les intervenants autour du patient deviennent eux-mêmes parties du système du patient. «(…)
Quand le réseau sature
Une conception largement répandue du réseau a sa place dans les institutions : pour être correctement pris en charge, il est important de faire partie d’un réseau diversifié et pluridisciplinaire qui met au centre de son(…)
Atelier 3 : la (dis)-continuité des soins ou comment aborder la question de l’« Après » ?
Atelier 3 : la (dis)-continuité des soins ou comment aborder la question de l’ « Après » ?
Nous sommes souvent confrontés à la question de la fin de la prise en charge dans nos dispositifs. L’offre de soins en matière d’assuétude, telle qu’organisée actuellement, nécessite de réfléchir à la question de l’« Après(…)
La collaboration entre deux institutions.
Comment affronter les questions qui se posent « après » la prise en charge institutionnelle ? Nous avons décidé de présenter les collaborations entreprises entre le Foyer Georges Motte (FGM) et l’asbl Transit. Ces collaborations sont(…)
La Coordination toxicomanie Anderlecht : un exemple pratique de collaboration entre soignants, réseau spécialisé et structures locales
Au niveau local, une coordination structurée entre différents types d’intervenants, spécialisés et généralistes améliore, la connaissance des uns et des autres et permet des synergies propices à une prise en charge plus globale des problématiques des(…)
Double diagnostic et comment travailler l’« Après », maintenant
Beaucoup de patients portent un « double diagnostic » de maladie mentale + assuétude. Ces patients complexes compliquent l’accompagnement en institution et rendent très difficile le travail préparant à « l’après hospitalisation ».
« Des usagers de drogues à l’épreuve de la saturation et des modalités d’inclusion du réseau »
Les défis de la prise en charge des usagers de drogue n’ont jamais été aussi durs à relever. Les patients vivent des situations de plus en plus difficiles, ils sont touchés de plein fouet par la(…)
Le lien et le respect des valeurs comme outils de travail : l’expérience des équipes mobiles du SAMU social de Bruxelles
Les équipes mobiles du Service d’aide médicale urgente (SAMU social) vont vers les sans-abri. Au fil du temps, elles ont appris à les aborder tout en respectant leurs choix. Leur constat est sans appel : aujourd’hui(…)
Ouvertures
Atelier 1 : quelles demandes pour quels problèmes
Atelier 1 : quelles demandes pour quels problèmes…
L’atelier s’articulera autour de trois spécificités de la demande : la demande a minima, l’absence de demande et parfois la contrainte aux soins, son caractère urgent du point de vue de l’envoyeur, du demandeur et du(…)
Quelle demande pour quels problèmes…
Au sein du Réseau ABC – VBH, plusieurs groupes de travail ont été constitués en fonction des caractéristiques et de la temporalité du cheminement du patient dans le réseau de soin. Un premier groupe s’est plus(…)
Demande ’a minima’, questions maximales !
Ce n’est pas parce que la demande est « a minima » qu’elle n’est pas complexe. Exemple de l’accès à un séjour en hôpital.
Le généraliste et la demande ’a minima’
La demande ’a minima’ adressée au généraliste met en évidence les défauts de communication et de collaboration entre eux et le secteur spécialisé.
Le Tribunal de l’application des peines et l’aide contrainte
La mise en place du Tribunal de l’application des peines (TAP) en 2007 a défini les modalités de l’exécution des peines et y a introduit le débat contradictoire.
Le travail sous contrainte : questions
Un traitement des assuétudes est souvent posé comme condition à l’octroi de congés pénitentiaires. Quel en est l’intérêt, quelles questions cette pratique pose-t-elle ? L’Ambulatoire-Forest est un service actif en matière de toxicomanie agréé par la(…)
Demande urgente ou urgence de l’intervenant ?
La demande de prise en charge urgente d’une situation de dépendance mobilise différentes compétences, humaines, sociales et psychiatriques, qu’il faut sans cesse remettre en question. La première de ces compétences, si tant est qu’il s’agit d’une(…)
De Lausanne à Bruxelles
Assuétudes, l’expérience vaudoise
La drogue évolue. Ses usagers d’aujourd’hui sont différents de ceux d’hier et la société pose sur eux et sur l’accompagnement à leur apporter un nouveau regard (que ne partagent pas les vieux démons moraux encore vivaces).(…)
Bruxelles, Lausanne et le généraliste
En Belgique, la place du généraliste dans les dispositifs de prise en charge des assuétudes est reconnue mais mal identifiée. L’expérience vaudoise ouvre des pistes pour clarifier cette place et invite à repenser globalement notre système.
« … et le modèle bruxellois » ?
Face au modèle vaudois exposé par le professeur Besson, le « modèle bruxellois » de prise en charge des assuétudes se caractérise par la richesse et la diversité du secteur mais aussi par son éclatement. Il(…)
Comme un moment de césure
Le moment hospitalier est un point très particulier dans le parcours d’une personne souffrant de dépendance. C’est une rupture complète par rapport aux différents milieux qu’il a connu jusque là, une bulle parfois idéalisée entre un(…)
Renforcer le continuum, de la prévention à la prise en charge
En matière de drogues, Psytoyens souligne l’importance de la prévention, notamment sous certains de ses aspects moins abordés, de la formation et du soutien des acteurs, et d’une prise en charge non stigmatisante s’installant dans la(…)